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Restaurants et tapas à Madrid

Casa Botín, le plus vieux restaurant du monde

Écrit par David

Une visite de Madrid ne peut pas se faire sans passer par la Plaza Mayor avant de se perdre dans les ruelles adjacentes. D’ailleurs, dans l’une d’entre elles, vous verrez plus de monde que prévu. Une raison à cela. Les gens passent par la Calle Cuchilleros pour s’arrêter devant une institution madrilène qui se trouve au numéro 17 : la Casa Botín. Un restaurant qui attise les curiosités et les touristes du monde entier et ShMadrid vous explique pourquoi…

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Un lieu mythique

Photo de mandus via VisualHunt.com

Classé par le Guinness des Records comme le plus vieux restaurant du monde, Botín retourne des viandes impeccablement rôties dans son four à bois en fonte de style castillan d’origine depuis 1725. On dit même que Francisco de Goya, à l’âge de 19 ans, aurait travaillé dans le restaurant comme aide-cuisinier avant de devenir un célèbre peintre. Parmi les grandes personnalités qui ont dîné dans le restaurant le plus vieux du monde, on peut citer Jacqueline Kennedy, Charlton Heston, Michael Douglas, Pedro Almodovar et Ava Gadner. Légende ou pas, une chose est sûre, la Casa Botín sert de la nourriture castillane authentique depuis plus de trois siècles et est toujours un endroit très populaire, non seulement pour les touristes mais aussi pour de nombreux politiciens espagnols, des célébrités et des habitants locaux. Mais avant que la Casa Botín devienne le favori des touristes venant à Madrid, il était déjà très populaire parmi les célébrités espagnoles, notamment les auteurs.

Une source d’inspiration pour les écrivains

Le restaurant a été cité de nombreuses fois par des écrivains espagnols, tels que Benito Pérez Galdos, qui mentionne l’établissement dans son célèbre roman Fortunata y Jacinta ou Arturo Barea né en Estrémadure, qui dédie un espace à la Casa Botín dans son œuvre la plus célèbre, La forja de un rebelde (La Forge, en français). La trilogie de Barea est le parfait portrait des habitudes de Madrid, dépeintes au travers des épreuves et tribulations d’une famille modeste (celle de l’auteur), du début du siècle jusqu’à la Guerre civile espagnole. Dans l’un des paragraphes, Barea écrit : « …elle va seule, ou avec l’un d’entre nous, au Botín, un vieux restaurant de Madrid, et leur demande de rôtir un cochon de lait. Elle le mange seule – si nous n’y allons pas avec elle – avec un grand plat de laitue et un demi-litre de vin. » Les écrivains espagnols ne sont pas les seuls à s’être inspiré de ce restaurant toujours aussi charmant : nombre d’auteurs étrangers ont été également séduits par son merveilleux intérieur du XVIIIème siècle et son excellente nourriture castillane. Le célèbre auteur, Graham Greene, qui a visité Madrid pour la dernière fois en 1980 pour donner une conférence, a également mentionné la Casa Botín dans l’une de ces dernières œuvres : Monsignor Quichotte (1982), un roman dans lequel Greene, bien qu’en utilisant un ton modéré, confronte le marxisme et le catholicisme. Lorsque Père Quichotte, le prêtre local du village espagnol d’El Toboso qui clame sa parenté avec le personnage fictionnel Don Quichotte de Cervantes, est élevé au rang de Monsignor à cause d’une erreur cléricale, il part en voyage à Madrid pour acheter des chaussettes violettes, appropriées à son nouveau statut : « …Je suggère qu’avant d’acheter des chaussettes violettes, nous nous offrions un succulent repas au Botín.. ». Publié en 1982, Monsignor Quichotte est le dernier roman religieux de Graham Greene, un hommage affectueux à Cervantes et une exploration sincère de la signification de la foi dans le monde moderne. Des écrivains plus récents mentionnent le Botín, comme le célèbre écrivain britannique Frederick Forsyth, dans ses romans Icon, qui se déroule dans la Russie agitée de la fin des années 90 et The Cobra, un thriller sur le trafic international de la cocaïne. A la page 146 de The Cobra, nous pouvons lire : « De Vega l’emmena dans un vieux restaurant qui servait déjà à manger lorsque les conquistadors arrivèrent de leurs foyers en Estrémadure sauvage pour obtenir du Roi qui leur accordât la faveur de partir pour le Nouveau Monde. Lorsqu’il lui raconta cette histoire – une pure invention puis que le Sobrino de Botín dans la rue Cuchilleros est vieux mais pas aussi vieux que cela – Letizia frissonna et jeta un œil autour d’elle pour voir si les vieux aventuriers dînaient encore là. »

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Des liens privilégiés

Photo de bibliobess via VisualHunt

Ernest Hemingway, connu pour son amour de la cuisine et du vin espagnols, avait un lien spécial avec le Botín et ses propriétaires. Lors de ses voyages en Espagne, Hemingway se rendait souvent au Botín et se lia d’amitié avec Emilio Gonzales, père et grand-père des propriétaires actuels. Pour l’anecdote, il était particulièrement désireux d’apprendre à faire une paella, bien que ses talents devant les fourneaux étaient moindres que ses talents devant sa machine à écrire. De tous les auteurs, Hemingway était connu pour son amour authentique de l’Espagne, sa nourriture, ses habitants et ses combats de taureaux. En tant que fervent défenseur des festivals de combat de taureaux, en 1932, il publie Mort dans l’après-midi, un portrait authentique de la tradition de la tauromachie, dans lequel il mentionne également la Casa Botín : « …mais, en même temps, je préférerais dîner de cochon de lait au Botín que de m’asseoir et penser aux accidents que mes amis pourraient avoir. » La Casa Botín apparaît aussi dans son célèbre roman Le soleil se lève aussi, dans lequel Hemingway mentionne le Botín dans la scène finale de son roman : « Nous avons déjeuné à l’étage du Botín. C’est l’un des meilleurs restaurants du monde. Nous avons eu du cochon de lait rôti et bu du rioja alta. Brett a peu mangé. Elle n’a jamais beaucoup mangé. J’ai mangé une grosse assiette et bu trois bouteilles de rioja alta. » Aujourd’hui, il est vrai que la Casa Botín est rempli de touristes et oui, le personnel est prompt à desservir, vous n’aurez donc pas vraiment l’occasion de vous attarder. Néanmoins, la valeur de la nouveauté est forte et la nourriture servie est toujours excellente et mérite d’être testée à l’occasion. À noter : Les Botín sont décédés sans héritier et le restaurant a donc été repris par leur neveu, Candido Remis en 1868, ce qui explique le nom utilisé par l’entreprise depuis : El Sobrino de Botín (le neveu de Botín).

Photo principale de sfgamchick via Visualhunt

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À propos de l'auteur

David

Artiste urbain et écrivain installé à Barcelone.

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